Le Casino devient scène .Jazz et émotions au Festival de Menton: Ramona Horvath Trio et Melissa Lesnie

Le 7 août 2025, le Casino devient scène : jazz et émotions au Festival de Menton
L’actuel Casino de Menton, aujourd’hui appelé Casino Barrière, fut construit entre novembre 1933 et février 1934. Édifice de style Art déco aux accents mauresques, il se distingue par ses façades blanches, ses arcades et ses pinacles caractéristiques des années 1930. À l’intérieur, on retrouve des décors en staff et en plâtre sculpté, un Art déco baroquisant, avec notamment une splendide salle de gala ornée d’une rosace au plafond, de stucs raffinés et de camaïeux d’or.
Longtemps partenaire financier du Festival de Musique de Menton – son nom figure depuis des décennies dans les programmes –, le Casino n’avait encore jamais accueilli de concert officiel. Il a fallu attendre 2024, avec la soirée Gatsby le Magnifique, pour que la salle rejoigne pour la première fois la programmation du Festival. L’édition 2025 confirme cette ouverture avec un nouveau rendez-vous, celui du Ramona Horvath Trio. Le Casino devient ainsi non seulement un soutien historique, mais désormais un lieu à part entière du Festival.
Au programme : Carmen’s Karma, variations jazzées autour des thèmes de Bizet. Ramona Horvath, formée au piano classique au Conservatoire de Bucarest, a choisi après son diplôme de se tourner vers le jazz. Elle aime réconcilier ces deux univers en proposant un véritable "crossover". Pour ce concert, elle était entourée de deux musiciens remarquables : Nicolas Rageau, contrebassiste de référence, et Antoine Paganotti, batteur et ancien chanteur du groupe Magma (1999-2008). Ensemble, ils revisitent avec liberté et inventivité les musiques de l’enfance de Ramona, transformant des thèmes célèbres en perles jazz.
Ainsi naît Claire de Bussy d’après le Clair de lune de Debussy, ou encore Carmen’s Karma inspiré de Bizet. Le trio, tantôt délicat, tantôt enlevé, joue avec nos souvenirs classiques : Schubert et son Arpeggione se glisse dans une facétieuse Valse des asperges jaunes ; Dvořák surgit dans une cadence Second Line de La Nouvelle-Orléans ; Ravel se prête à une Pavane teintée de swing.
Mais le véritable moment de grâce fut l’apparition de la chanteuse de jazz Melissa Lesnie. Australienne d’origine, elle a conquis l’auditoire dès les premières notes par une voix à la fois lumineuse et profondément émotive. Sa technique impeccable, alliée à un phrasé subtil et une diction claire, se met toujours au service de l’expression. Nuances, intensité, souffle narratif : tout y est. Son interprétation, tour à tour vibrante et délicate, a électrisé la salle et laissé une empreinte durable. On ne peut qu’espérer la retrouver très vite à Menton, cette fois en vedette d’un concert qui lui serait entièrement consacré.